plan intérieur

La Strassburger Bank reprend vie et veut casser les codes

Un chantier CREATIO

Ce n’est finalement pas le groupe parisien Big Mamma, comme un temps pressenti, mais les locaux de l’étape de Diabolo Poivre qui s’apprêtent à faire revivre l’ancienne Strassburger Bank, rue du Vieux-Marché-aux-Vins. Au menu d’ici la fin de l’année : un bar qui s’annonce exceptionnel, des plats à partager et des espaces à privatiser.

Par Valérie WALCH – 17 août 2020

Des salles privatisables, des demi-niveaux, le futur restaurant se veut extrêmement modulable. DR/Design Pascal Claude Drach
Des salles privatisables, des demi-niveaux, le futur restaurant se veut extrêmement modulable. DR/Design Pascal Claude Drach

Avec sa façade monumentale longeant les rails du tram, ses presque 300 m² au sol pour le seul rez-de-chaussée, sa mezzanine, ses salons moulurés et sa gigantesque verrière perchée à plus de neuf mètres du sol, le bâtiment en impose et a suscité ces derniers mois bien des convoitises… Sise au 24, rue du Vieux-Marché-aux-Vins, l’ancienne Strassburger Bank a pourtant longtemps été laissée à l’abandon, n’accueillant plus guère pendant plusieurs décennies que les hordes de pigeons. Ces temps-là sont révolus. Les 50 centimètres de fientes ont été évacués et à l’automne, le groupe de restauration strasbourgeois Diabolo Poivre, au sein duquel sont associés Gilles Egloff et Jérôme Fricker (La Hache, Tzatzi, East Canteen, Calmos, Square Delicatessen, La Corde à Linge, sans compter le Bouillon Baratte à Lyon et les enseignes partenaires) prévoit d’y ouvrir un nouvel établissement hors cases, mi-bar, mi-restaurant.

Ouverture prévue le 15 novembre

Démarrés début janvier par du désamiantage, les travaux ont connu un coup d’arrêt du fait du confinement. « Le chantier a pu reprendre à la mi-mai, le temps de s’y replonger après cette longue pause, et surtout de mettre en place toutes les mesures sanitaires, ce qui n’a pas été simple, vu la nature et l’étendue des travaux ! » précise Gilles Egloff. Il espère désormais une livraison d’ici début novembre au plus tard, « avec une ouverture programmée le 15 novembre, histoire d’être prêts pour les fêtes et les repas d’entreprises de fin d’année, sachant qu’ici nous payons un loyer et que nous avons déjà trois mois de retard sur l’ouverture prévue », précise-t-il.

« L’idée, c’est de casser un peu les codes de ce qui se fait habituellement à Strasbourg. » Avec dans la grande salle, sur laquelle s’ouvre la gigantesque porte d’entrée, un très beau bar de forme oblongue, auquel sera accolée la cuisine ouverte, à l’abri sous sa verrière. Au-dessus, un écran « suspendu comme un abat-jour » contribuera à ambiancer l’endroit. Mais dans ce bar, en plus de boire un cocktail, une coupe de champagne, une bière ou un soft, « on pourra aussi manger, notamment des plats à partager, et y passer toute une soirée », explique-t-il.

À la mezzanine de 60 m² existante viendra répondre en regard et en symétrie une seconde, imaginée par l’architecte DPLG en charge du chantier, Hugues Chalumeau. Le bâtiment (qui comprend des éléments classés) s’y prêtant parfaitement avec ses multiples verrières, ses jeux de symétrie et ses demi-niveaux, plusieurs espaces totalement privatisables, proposant autant d’ambiances, sont également prévus. Passé la mezzanine et une fois gravies quelques marches, on débouche sur une salle au charme très bourgeois, avec parquet et boiseries, qui accueillera un autre bar et une salle à manger. « L’idée est de pouvoir privatiser ces espaces pour y organiser des anniversaires, des repas d’entreprises, des réunions, etc. » Du séminaire au dîner pris dans sa salle à manger privée après avoir démarré par un apéro, tout est envisageable dans ces espaces qui se veulent très modulables, « parce que ce type d’endroit manque à Strasbourg », précise Gilles Egloff.

Un investissement de 2,5 M€

Côté couleurs, les esquisses mêlent pour l’heure tonalités ocre et bleu canard, « mais tout ça peut encore changer ». Pour découvrir le nom et les propositions culinaires plus précises de ce lieu aux quelque 160 couverts, qui déploiera au total « 470 m²  de superficie pouvant accueillir du public », note Gilles Egloff, il faudra encore patienter un peu. Pour l’heure, les travaux d’assainissement se terminent et au sous-sol, où sont prévues les chambres froides et la cuisine de préparation, le mètre cinquante de béton et les trois couches de ferraille qui isolaient les sols des anciennes salles des coffres – ces derniers ont été débarrassés il y a déjà quelques années – ont été attaqués au marteau-piqueur. « C’est un très gros chantier, qui représente un investissement de quelque 2,5 millions d’euros, sachant que le propriétaire a déjà fait 900 000 € de travaux, notamment au niveau de la verrière », précise Jérôme Fricker. C’est donc aussi une affaire de gros sous, mais dans une ancienne banque, cela n’étonnera personne.

Au fil du temps…

Conçu en 1897 par les architectes Albert Brion et Émile Haug pour devenir le siège de la Strassburger Bank, le bâtiment en grès clair « de style baroque ostentatoire » a été achevé le 11 décembre 1901, nous apprend le site Archi-Wiki. Les initiales de ses commanditaires, Charles Staehling et Louis Valentin, sont inscrites sur un cartouche situé au-dessus de l’entrée. Large de 23 mètres et haut de 20 mètres, doté d’une façade en pierre de taille richement ornée d’oriels, de balcons et de sculptures, l’immeuble aux dimensions monumentales a subi des transformations extérieures (toiture) et intérieures (hall de réception, escalier) au fil du temps. Il a été occupé au rez-de-chaussée et à l’entresol par la BNP jusqu’au début des années 1970. Avant d’être racheté en 1974 par un antiquaire, qui pensait en faire un hôtel des ventes, mais se serait heurté aux spécificités du droit local. De fait, les lieux, « rachetés depuis par le propriétaire du R-Club », précise Gilles Egloff, étaient vides depuis 1984.