Restructuration – A Paris, un ensemble marie réhabilitation en béton et construction mixte bois et métal.
Depuis avril 2019, d’importants travaux sont engagés sur une parcelle de 60 m de profondeur pour 32 m de large entre la rue Bayard et l’impasse d’Antin, à Paris. De deux types distincts, ils doivent aboutir à la réalisation d’un seul et même ensemble tertiaire de 8 200 m2 . Une opération remarquable et peu commune qui prend place au cœur du VIIIe arrondissement. Au nord, les immeubles post- haussmanniens sont rénovés, tandis qu’au sud, le bâtiment des années 1970, qui hébergeait l’ancien siège de la station de radio RTL, a été démoli.
Inadapté à la création de bureaux, il sera remplacé par un nouvel édifice à structure bois. « Ce choix respecte le plan local d’urbanisme de Paris, qui évolue pour favoriser les constructions à faible émission de carbone », confie Axel Schoenert, architecte du projet.
Néanmoins, la volonté d’allier conservation de l’existant et construction neuve, pour créer un ensemble homogène, a complexifié la mise en œuvre. « Par exemple, la structure bois devait respecter parfaitement les altimétries des édifices rénovés tout en offrant 2,70 m de hauteur sous plafond », détaille l’architecte. Ses éléments devaient onc être les plus fins possibles, sans oublier de répondre aux exigences de la sécurité incendie qui imposent des sections plus épaisses. Afin d’optimiser les dimensions, la modélisation de l’existant et le travail en BIM ont été indispensables.
Prolongement des structures porteuses. Côté travaux, une fois les étapes de curage et de démolition achevées, de lourdes opérations de reprise en sous-œuvre ont pu être entamées. La priorité était alors d’étendre les deux niveaux de sous-sols qui n’existaient à l’origine que sur une partie limitée de l’emprise. La création de ces espaces a nécessité le renforcement des ouvrages mitoyens par des puits blindés ou par des passes alternées en fonction des zones. Au niveau des voiries, ce sont des écrans de soutènement en béton qui ont été mis en place. Ces reprises périphériques ont été complétées par le prolongement des structures porteuses existantes jusqu’au R – 2 et par la création d’appuis supplémentaires afin de reprendre les nouvelles charges de l’édifice. « La conservation des bâtiments anciens comme de certains planchers dans la zone démolie a impliqué des terrassements en taupe ou des fouilles en rigole. Nous avons ensuite dû créer des fondations provisoires avec des micropieux avant de pouvoir réaliser les semelles définitives », souligne Smiljana Demay, cheffe de projet à l’agence Axel Schoenert Architectes.
En parallèle, côté superstructure, les bâtiments existants, qui ont conservé leur volumétrie, ont subi de nombreux remaniements exigés par les nouveaux agencements. A l’intérieur, la plupart des circulations verticales ont été démolies à l’exception d’un escalier à forte valeur patrimoniale. La création de nouveaux noyaux assure le contreventement, compensant la démolition de certains murs de refend. Côté parois verticales, de nombreuses ouvertures ont été pratiquées, ce qui a impliqué également le renforcement des murs. De même, les éléments métalliques tels que poutres, solives et poteaux ont fait l’objet de modifications ou de renforcements. Elément spectaculaire du chantier, l’une des charpentes d’un de ces bâtiments se trouve, en outre, valorisée grâce à la création d’une verrière et a l’aménagement de son volume en double hauteur.
Toujours en superstructure, adossé à la partie existante, mais situé dans la partie reconstruite du projet, un noyau central en béton a été érigé. « Il contrevente la nouvelle construction majoritairement en bois, dont les planchers fonctionnent en diaphragmes. Ainsi, les efforts horizontaux de vent sont collectés jusqu’au noyau et aux murs de contreventement complémentaires », détaille Jérôme Duchêne, directeur technique, ingénieur structure du projet pour le bureau d’études AIA Ingénierie. Cette construction neuve s’organise en quatre parties : la plus haute, en fond de parcelle, culmine à 25 m en R + 7, tandis que les autres descendront vers la rue par des jeux de retraits successifs. Si son montage n’a pu démarrer qu’en novembre dernier du fait de la pandémie, elle est achevée depuis la fin février.
C’est maintenant au tour des nouvelles façades d’être mises en place. Côté rue Bayard, l’œuvre monumentale de Vasarely qui habillait l’ancien siège de RTL laissera la place à un mur-rideau habillé de capots en laiton montés sur une ossature bois. Livré en juillet prochain, l’ensemble immobilier comportera également 740 m² de patios et de terrasses végétalisés.
Maîtrise d’ouvrage : Nexity, LaSalle Investment Management.
Maîtrise d’œuvre : Axel Schoenert architectes (conception), AIA Management (MOE).
BET : AIA Ingénierie (structure, façade, environnement), CC Ingénierie (fluides), Impact Acoustic (acoustique).
Entreprises principales : KS construction (démolition, gros œuvre), Barcque Charpentes (structure bois).
Bureau de contrôle : Bureau Veritas.
Certifications et labels environnementaux visés : HQE Excellent, Breeam Very Good, Well Gold, BBCA, WiredScore Gold.
Montant des travaux : 26 M€.
Source : Le moniteur, Par Amélie Luquain le 19/03/2021