Comment la famille Sauer, sur trois générations, et en misant avant tout sur ses collaborateurs, est parvenue à transformer une petite entreprise de gros œuvre en acteur majeur, et complet, des métiers de la construction.
Ils sont frères : Jérôme, 41 ans et Édouard, 32 ans n’ont pas que ce lien familial en commun. Tous deux diplômés de l’INSA, l’école d’ingénieurs strasbourgeoise, comme l’ont été leur père et leur grand-père, fondateur de KS groupe. Tous deux passionnés par leur(s)métier(s), l’histoire de leur famille et de leur groupe : « Ni notre grand-père, ni notre père ne nous ont jamais rien imposé mais, sans nous en rendre compte, nous avons retranscrit, et de manière naturelle un schéma familial… »
Fondée il y a 60 ans par Paul Sauer, suite à la reprise de deux entreprises, Ketterer et Sultzer, la société d’origine était concentrée essentiellement sur le gros œuvre et le béton. Ce n’est que dans les années 90 que Richard Sauer, le fils du fondateur, père d’Edouard et de Jérôme, a intégré le métier d’entreprise générale, c’est-à-dire celui de contractant unique pouvant garder la responsabilité totale des chantiers, quitte à l’époque, à sous-traiter la plupart des métiers.
Mais, fort de ce premier virage, le suivant fut tout aussi judicieux puisque le groupe allait s’organiser pour intégrer quasiment tous les métiers de l’entreprise générale de bâtiment.
Toute l’originalité de la croissance du groupe, est qu’elle ne s’est quasiment pas faite par croissance externe mais qu’il a créé en interne ses nouveaux métiers : à la manière d’un incubateur ou d’une pépinière d’entreprises intégrées, des managers ont trouvé au sein même du groupe, un cadre structuré pour développer de nouvelles activités et s’épanouir sur des projets capables de faire grandir l’entreprise mais également ses cadres et l’ensemble de ses salariés.
Edouard et Jérôme ont ainsi de multiples exemples de salariés représentatifs de cette philosophie, et citent notamment le cas de leur filiale électricité, E3C, dirigée aujourd’hui par Patrick Gretzer, qui était conducteur de travaux, et dont le père était déjà responsable gros œuvre du temps de leur grand-père. C’est à Patrick qu’ils ont confié la création de cette société dont il est aujourd’hui le directeur. « Voilà quelqu’un qui a grandi chez nous et aujourd’hui sa fille nous a également rejoint en tant que responsable administrative… C’est la troisième génération à travailler avec nous ! ». Bien d’autres salariés ont suivi des trajectoires étonnantes, et pour certains même en débutant leur carrière chez KS par un métier pour finir par diriger une filiale dans un autre.
Cette stratégie de développement originale a mené aujourd’hui KS groupe à réaliser près de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier grâce à ses 300 collaborateurs.
Mais le caractère original de KS groupe et du management des frères Sauer ne s’arrête pas là. À les entendre, « faire plus pour gagner plus, c’est fini » et en tout cas eux ont décidé d’en sortir et de donner du sens à tout ce qu’ils font.
L’entrepreneuriat social les passionne et comme ils ont de la suite dans leurs idées et l’habitude de mettre leurs actes en conformité avec leurs paroles, les deux frères sont en train de créer la fondation KS groupe pour structurer leur vision.
Cette fondation aura pour objectif d’organiser et de hiérarchiser leurs projets, et de faire rentrer leurs collaborateurs et leurs partenaires dans un cercle vertueux leur permettant d’être sensibles, et même d’adhérer à l’ensemble de ses projets.
Cette fondation aura trois axes majeurs : la précarité énergétique, qui est le cœur de métier KS. Le deuxième axe sera le rapprochement vers l’emploi. KS possède déjà un organisme de formation et souhaite partager davantage encore cette expertise à l’extérieur de l’entreprise. Enfin le troisième axe est l’insertion du handicap qui fait complètement partie de leur ADN familial, car sensibilisés par le handicap de leur frère aîné. Mais elle fait également déjà partie de la stratégie de l’entreprise elle-même puisque KS groupe est associé à SOLI’VERS, entreprise adaptée avec 80 % de salariés handicapés, qu’ils accompagnent en l’aidant à se structurer et en partageant avec eux leur expérience de développement.
Fêter les 60 ans de KS groupe ce 6 septembre a donc une signification particulière pour les deux frères. Car historiquement, en bonne entreprise alsacienne, elle n’avait pas l’habitude de trop communiquer, mais ils estiment qu’il est temps d’expliquer la mue de l’entreprise «qui sait, par exemple, que nous avons livré il y a six mois une usine à Issenheim pour Danone, pour 45 millions d’euros intégrant non seulement la conception et la réalisation de l’usine mais également en allant jusqu’à l’obtention des performances ?! »
Toujours passionnés par l’acte de construire, au sens le plus large du terme, les frères Sauer appellent tous ceux qui auraient des projets intéressants à se manifester auprès de KS, et forment également des vœux pour un grand projet autour de la réunion d’ETI* du Grand Est qui pourraient se fédérer intelligemment, afin d’être plus compétitives aux niveaux national et international…
En dignes représentants d’un capitalisme rhénan dont ils se sentent issus, ils rappellent qu’ils ne sont que de passage, et que ce qui les motive « c’est de faire en sorte que le groupe perdure, afin que les salariés et leurs familles, ainsi que les générations suivantes s’y retrouvent, dans les meilleures conditions possibles. »
*Entreprises de Taille Intermédiaire